À travers le témoignage de ces bergères et leurs souvenirs d’enfance, on découvre ce qu’était le métier de berger autrefois, et à quel point il a évolué. Il y a encore deux générations, le gardiennage des brebis restait l’apanage des hommes, en particulier des cadets de famille. Les femmes étaient cantonnées à la fromagerie, au travail dans le saloir et aux nombreuses tâches ménagères. Elles trayaient les vaches, aidaient aux foins (ratissaient ce que le tracteur conduit par les hommes laissait de côté), mais elles ne montaient jamais à l’estive.
La mise aux normes des cabanes, avec l’installation de l’eau courante, des toilettes et de l’eau chaude, a considérablement amélioré les conditions de vie là-haut et a permis aux femmes et aux familles de monter. Tandis que la main d’œuvre tendait à se raréfier dans les exploitations, les femmes se sont mises petit à petit à ravitailler les cabanes, à rester quelques jours là-haut, à y laisser leurs enfants tandis qu’elles redescendaient les fromages jusqu’au saloir.
Des filles de bergers sont ainsi restées à la montagne avec leur père pendant les vacances. Et ce sont elles, aujourd’hui, qui reprennent le métier.
Les bergères « des villes », issues du monde urbain, arrivent en général avec un niveau élevé de formation (BTS agricole, Master d’aménagement du territoire…). Elles optent parfois pour une pleine reconversion après avoir exercé un tout autre métier, et sont nombreuses à travailler dans les estives grâce au financement des emplois d’aide berger.
Les écoles de berger ont largement favorisé l’arrivée de ces jeunes femmes intéressées par ce métier.

National Geographic – Janvier 2017